Curriculum vitae court
de Daniel Mange
Daniel Mange, Vaudois, est électricien de formation, informaticien de profession et biologiste par passion. Dans sa période électrique, Daniel Mange est fasciné par la magie du système binaire et par l'élégance de l'algèbre de Boole qui régissent les circuits électroniques digitaux. Sitôt son diplôme d'ingénieur électricien de l'EPUL en poche, en 1964, il s'attaque à une thèse, soutenue en 1968; dans le contexte de celle-ci il va concevoir et construire deux calculateurs spécialisés voués à la simplification des fonctions logiques (PIM4 = Prime Implicants Machine for 4 variables) et à la synthèse des compteurs synchrones (SYCOM4 = SYnchronous Counters Machine for 4 variables). Il développe dans la foulée une famille complète de "logidules", l'équivalent informatique du jeu LEGO, destinés à la réalisation de systèmes digitaux sans limite de complexité.
Dans sa période informatique, qui démarre avec sa nomination en qualité de professeur de la nouvelle EPFL, en 1969, Daniel Mange est stupéfait du fossé séparant les méthodes rigoureuses régissant le matériel et les pratiques empiriques régnant sur le logiciel. Il n'a de cesse de les rapprocher, en créant notamment le concept de "magiciel", défini comme l'art et la technique des transformations entre le matériel (système logique câblé) et le logiciel (programme). Un mode de représentation central, l'arbre de décision binaire, est au cœur de la théorie du magiciel et préfigure son futur penchant pour les organismes vivants.
En 1987, un congé sabbatique mène Daniel Mange en Californie, à l'Université de Stanford. Il en revient avec la conviction que les modèles du monde vivant constituent le nouvel horizon de l'ingénieur. Après plusieurs années consacrées à des travaux d'approche, Daniel Mange propose, avec ses collègues, le modèle POEtique (P = phylogenèse, O = ontogenèse, E = épigenèse) comme structure de base pour la conception de nouvelles machines informatiques bio-inspirées. Daniel Mange explore alors l'axe ontogénétique du modèle POE, jusqu'alors négligé, et lance dès 1994 le projet Embryonique, pour embryologie électronique. En 2002, l'inauguration du BioWall, un mur électronique géant, permet de valider et de montrer à un large public tous les mécanismes du projet Embryonique, en particulier la division et la différenciation cellulaires d'organismes artificiels.
Le futur est clair: avec la progrès spectaculaire de la physique, la nanoélectronique sera bientôt une réalité. A ce moment, les circuits électroniques auront rejoint les dimensions des organismes vivants, et partageront avec eux les mêmes caractéristiques: imperfection, autoréparation, autoréplication. Tous les travaux menés par Daniel Mange et ses collaborateurs dans le monde des machines informatiques bio-inspirées trouveront leurs applications les plus spectaculaires à l'apparition de la nanoélectronique, dans vingt ans à peine… |